La métaphore filée


Étymologie :
la même que la métaphore.

     La métaphore filée développe 2 champs lexicaux parallèles.

    Dans Les femmes savantes (III, 2) de Molière, Philaminte s'apprête à savourer la littérature de son hôte, et veut se hausser à son niveau par une métaphore gastronomique :
          Servez-nous promptement votre aimable repas.
    
    Trissotin lui répond en développant cette métaphore sur les champs lexicaux de la littérature et de la gastronomie :
          Pour cette grande faim qu’à mes yeux on expose,
          Un plat seul de huit vers me semble peu de chose,
          Et je pense qu’ici je ne ferai pas mal
          De joindre à l’épigramme, ou bien au madrigal,
          Le ragoût d’un sonnet qui, chez une princesse,
          A passé pour avoir quelque délicatesse.
          Il est de sel attique assaisonné partout,
          Et vous le trouverez, je crois, d’assez bon goût.

(Délicatesse et bon goût font partie des deux champs lexicaux.)

    Les effets sont ceux de la métaphore, mais ils sont amplifiés.
 

Sur le vaisseau public ce pilote égaré
Présente à tous les vents un flanc mal assuré ;
Il s'agite au hasard, à l'orage il s’apprête,
Sans savoir seulement d’où viendra la tempête.
Voltaire
[vaisseau = république, pilote = Cicéron, tempête = conjuration]

Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Apollinaire

Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin Apollinaire

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Baudelaire
Retourner le couteau dans la plaie
Plumer un pigeon