Les vers holorimes
Des vers holorimes (on dit parfois une holorime) sont des vers phonétiquement identiques, c'est-à-dire qu'ils riment entièrement du début à la fin du vers, ou encore qu'ils ont exactement les mêmes phonèmes placés exactement dans le même ordre, mais correspondant à des mots systématiquement différents. Rien de mieux que quelques exemples pour comprendre cet exercice de virtuosité verbale :
Les
plus célèbres sont les alexandrins de Marc Monnier.
Il met en scène un certain Gal qui, pour plaire à la reine, fit
un tour dans la ville de Nîmes :
Gal, amant de la reine, alla, tour magnanime,
Galamment de l'arène à la tour Magne, à Nîmes.
Plusieurs
écrivains en ont composé, Charles Cros, Louise de Vilmorin, entre
autres, mais les grands spécialistes en sont Alphonse Allais et Lucien
Reymond.
Charles Cros | Dans
ces meubles laqués, rideaux et dais moroses, Danse, aime, bleu laquais, ris d'oser des mots roses. |
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Louise de Vilmorin | Elle
sort là-bas des menthes, La belle Ève à l'âme hantée, Et le sort l'abat, démente. L'abbé laid va lamenter. Étonnamment monotone et lasse Est ton âme en mon automne, hélas ! |
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Alphonse Allais | Et
ma blême araignée, ogre illogique et las, Aimable, aima régner au gris logis qu'elle a. Par les bois du Djinn, où s'entasse de l'effroi, Parle et bois du gin ou cent tasses de lait froid. Ah ! vois au pont du Loing ! De là, vogue en mer, Dante, Hâve oiseau, pondu loin de la vogue ennuyeuse. (La rime n'est pas très riche, mais j'aime mieux ça que la trivialité.) |
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Lucien Reymond | Dans
cet antre, lassés de gêner au Palais, Dansaient entrelacés deux généraux pas laids. Dans ton site sévère, assistant sa prestance, Danton cite ces vers, assis, stance après stance. Au Café de la Paix, grand-père, il se fait tard. Oh ! qu'a fait de la pègre en péril ce fêtard ? |