Les accents

 

Dans la prononciation courante, certaines syllabes sont énoncées de façon plus appuyée que d'autres. On les appelle syllabes accentuées ou toniques. Les autres sont appelées syllabes atones. Les syllabes accentuées (ou toniques) portent ce qu'on appelle un accent tonique.
Une syllabe caduque ne peut normalement pas porter l'accent tonique.
     
Attention : ne pas confondre l'accent tonique avec les accents orthographiques portés par certaines voyelles (à, é, î, ô, ù...) !
L'accent tonique ne s'exprime par aucun signe graphique, il se perçoit seulement dans l'intonation.

On distingue plusieurs sortes d'accents :

l'accent de mot Il s'agit de la dernière syllabe non caduque du mot.
De ce fait, si la dernière syllabe est caduque, c'est-à-dire si le mot se termine par un e, la finale atone semble prolonger le mot et le terminer de façon adoucie (une syllAbe, un villAge).
Au contraire, si la dernière syllabe est non caduque, le mot se termine de façon d'autant plus nette et brutale que cette syllabe porte l'accent tonique (un accENt, une maisON).
Il découle de cette analyse deux notions importantes :
À la fin du vers, une rime qui se termine de façon adoucie est dite féminine, une rime qui se termine de façon nette est dite masculine.
Village, nuage, sont des rimes féminines,
accent, vraiment, des rimes masculines
(voir le chapitre sur la rime).
Dans le vers, une syllabe caduque non élidée compte dans la mesure du vers, mais elle se rattache rythmiquement au groupe de syllabes suivant :

[Vous mourû] [tes au bord] [où vous fû] [tes laissée] (Racine)
Le navi / re glissant // sur les gou / ffres amers (Baudelaire)
l'accent grammatical
(dit accent de groupe)
Il s'agit de la dernière syllabe non caduque du groupe de mots.

C'est l'accent de base à prendre en compte dans le vers, et il est grammatical. Il jalonne donc l'organisation syntaxique de la phrase et crée le rythme du vers. C'est la succession des accents grammaticaux qui détermine ce qu'on appelle les groupes rythmiques.
Le moment où je parle est déjà loin de moi (Boileau)
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue (Racine)
La terre est bleu(e) comme une orange (Éluard)
l'accent oratoire
(accent d'attaque)
Il exprime une émotion ou une intention (solennité, insistance...) parce qu'il déplace l'accent de groupe, mais il ne modifie pas le groupe qui reste grammatical.
C'est EXtraordinaire, UN grand homme, un grANd homme...
Il relève le plus souvent d'une interprétation judicieuse du texte.
l'accent contre-tonique
(accent interne)
Il permet lui aussi de manifester une émotion :
Dans les enVOÛtements et les aCHArnements (Baudelaire)