L'apocope
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Elle
est très fréquente et naturelle dans le langage courant : J(e) trouv(e) ça drôle. Elle est obligatoire et automatique en fin de vers (apocope externe), même si le mot porte la marque du pluriel : Cette faucille d'or dans le champ des étoil(es). (V. Hugo) Elle est interdite dans un vers (apocope interne) jusqu'à la fin du XIXe siècle ; Guillaume Apollinaire et les surréalistes ont compris l'intérêt rythmique qu'ils pouvaient tirer d'une apocope interne judicieusement placée, soit à la coupe principale (cf. césure épique ci-contre) Une femme est plus bell(e) que le monde où je vis (P. Éluard) soit à une coupe secondaire Et ma vi(e) pour tes yeux lentement s'empoisonne. (G. Apollinaire) soit encore à d'autres endroits du vers Tandis qu(e) lent(es) et meuglant les vaches abandonnent (G. Apollinaire.) |
Cas
particuliers : La césure épique : Dans la chanson de geste, la déclamation du décasyllabe coupait le vers par une pause longue après le premier hémistiche de quatre syllabes, qui se comportait comme une fin de vers, et pouvait donner lieu à une apocope en fin de demi-vers : Cumpainz Rollant sunez vostre olifan Si l'orrat Carl(es) ki est as porz passant. (Chanson de Roland) Traduction : Compagnon Roland, sonnez votre olifan Ainsi Charlemagne qui passe le col l'entendra - Dès l'époque classique, les troisièmes personnes du pluriel des imparfaits (pouvai-ent entendre) et conditionnels (pourrai-ent entendre) ont posé un problème, ainsi que les subjonctifs soient et aient ; dans ce cas on a considéré la syllabe caduque comme inexistante. Mille exemples fameux pourraient l'autoriser (P. Corneille) |