L'élision

 

L'élision est la chute d'un son caduc
devant la voyelle initiale du mot suivant.
 
elisio
signifie expulsion, écrasement, élision.
       
Elle se produit chaque fois qu'un son caduc rencontre directement une voyelle, et peut se matérialiser à l'écrit sous la forme d'une apostrophe :
          Ell(e) avance jusqu(')ici.

Elle se produit à tous les endroits du vers
          Ma fill(e) il faut céder votr(e) heur(e) est arrivée (J. Racine)

y compris à la césure :
          Ta grand(e) aile divin(e) aux pierres du foyer (H. de Régnier)

et n'est empêchée par aucune ponctuation :
Je vis cette faucheus(e). Ell(e) était dans son champ. (V. Hugo)

mais chaque fois que la rencontre n'est pas directe, notamment si le mot porte la marque du pluriel, l'élision ne peut se produire :
          
L'or en cendr(e), et les yeux des mères en ruisseaux. (V. Hugo)

                                     Cas particuliers :

La présence d'une voyelle avant le son caduc pose un problème, qui oblige à placer le mot en position d'élision :
          Sur sa jou(e), en riant, elle essui(e) une larme (J. Racine)

En effet, devant une consonne, on est obligé de prononcer le son caduc après un son vocalique, ce qui est admis au XVIe siècle :
          Mari-e, levez-vous, ma jeune paresseuse, (P. de Ronsard)

mais est considéré comme désagréable à l'oreille du XVIIe au XXe siècle. De ce fait, le vers classique interdit ces mots au pluriel dans le vers, puisque la marque du pluriel empêche l'élision. Tous ces mots (adjectifs ou participes passés féminins) ne peuvent donc figurer qu'en fin de vers dès qu'ils sont au pluriel.