La rime
|
Lorsque les phonèmes consonantiques post-toniques ne sont pas identiques, on ne parle plus de rime, mais d'assonance. Par exemple, monde rime avec féconde, mais ne forme qu'une assonance avec ombre. |
La
rime est un élément qui rend audible la structure des vers, et
qui favorise la mémorisation : elle marque la séparation
d'un vers à l'autre, et le retour périodique de sonorités
renforce la notion de rythme et induit celle d'harmonie.
Son importance est à la mesure du nombre de règles qui la conditionnent,
à savoir celles qui concernent sa quantité («richesse»)
et sa qualité (genre et nombre).
1° Sa «richesse»
Dans le système traditionnel, on distingue 3 catégories selon
le nombre de phonèmes identiques
pauvre
(1 phonème) |
suffisante
(2 phonèmes) |
riche
(3 phonèmes ou plus) |
||||||||||||
Exemples
:
|
Exemples
:
|
Exemples
:
|
minimale
aucun phonème avant la voyelle d'appui |
enrichie
un ou plusieurs phonèmes avant la voyelle d'appui |
|||||||||||||||||
|
|
Certains écrivains virtuoses ont composé des vers qui riment intégralement entre eux, c'est-à-dire que l'homophonie est complète sur l'ensemble des deux vers. On appelle ces vers des vers holorimes.
2°
Son genre
|
|
|||
Le
genre grammatical du mot n'a rien à voir avec le genre de la rime :
|
ainsi, une
maison est une rime masculine, un village est une rime féminine. |
La rime est perçue
comme féminine parce que dans la déclamation théâtrale
classique, on laissait traîner la voix sur la finale caduque, et qu'aujourd'hui
encore, d'une part l'accent méridional prononce la syllabe caduque, et
d'autre part la chanson garde l'usage d'une note distincte sur la finale caduque :
Au
clair de la lunE / Mon ami Pierrot...
Frère
JacquEs / Dormez-vous ?...
Chagrin
d'amour dure toute la vi-i-E.
Règle n°1 | En versification classique, on ne peut faire rimer ensemble que des finales de même genre. |
De
ce fait, on ne peut pas faire rimer
|
un
sommeil
et il se réveille |
un
éclair
et la nuit claire |
Règle n°2 | En versification classique, on doit alterner les paires de rimes masculines et les paires de rimes féminines. |
Par exemple, si la première paire de rimes est masculine, la suivante doit être féminine, celle d'après sera masculine, etc.
3°
Son nombre
|
|
|||
Attention
! le nombre réel du mot n'a aucune importance :
|
Ainsi,
«tu auras» est grammaticalement
singulier, mais en fin de vers, auras est
une rime plurielle. De même, «un succès»
est bien singulier, mais en fin de vers il est considéré
comme pluriel.
|
Règle | En versification classique, on ne peut faire rimer ensemble que des finales de même nombre. |
De
ce fait, on ne peut pas faire rimer
|
un
mort
et un remords |
un
nouveau-né
et un nez |
un
regret
et un progrès |
4° ses limites
Les phonèmes
sont les composants essentiels de la rime : même une similitude
parfaite des graphèmes ne permet pas d'assurer l'existence de la
rime. Ainsi ne riment pas, par exemple...
|
Faire rimer
un mot avec lui-même n'est évidemment pas admis. Mais faire
rimer le mot simple avec le mot composé n'est pas admis non plus
:
Faire
rimer deux composés non plus :
bonheur malheur On tolère parfois la rime de deux adverbes ou deux infinitifs. |
5° son sens
La seconde rime
résonne dans notre esprit en évoquant la première. Ces
deux mots sur lesquels la voix s'arrête en fin de vers sont malgré
nous mis en relation, et peuvent se répondre sur un thème commun,
ou concourir à créer une antithèse.
On appelle rimes sémantiques les rimes de sens voisin, et rimes antisémantiques
les rimes de sens opposé.