Le mètre
Le
compte des syllabes permet d'établir la longueur du vers, c'est-à-dire son mètre. |
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Attention ! pour
des questions de respiration et de rythme d'élocution naturel, on a du
mal à prononcer plus de 8 syllabes en un seul souffle, et c'est pourquoi
au delà de ce chiffre, on fragmente la diction en établissant
au moins une pause dont la présence et l'emplacement sont obligatoires
dans l'alexandrin et le décasyllabe : la césure.
La tradition a établi des préférences dans l'emploi des
différents mètres :
12
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alexandrin
ou dodécasyllabe |
«césure»
6 + 6 |
Ce
vers est divisible par 2 (dimètre), 3 (trimètre), 4 (tétramètre)
ou 6 (hexamètre), ce qui lui permet une grande variété
rythmique. En fait, autour de la césure, les coupes s'organisent de façon très souple. C'est le mètre le plus fréquent de toute la littérature française, et c'est le vers noble depuis la renaissance. |
11
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hendécasyllabe
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5
+ 6
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rare |
10
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décasyllabe
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«césure»
4 + 6 |
Vers noble au moyen âge, il a été détrôné à la renaissance par l'alexandrin, mais il reste un mètre très fréquent. |
9
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ennéasyllabe
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4
+ 5
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(ou parfois coupé en 3 + 6) rare |
8
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octosyllabe
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rien
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(ou parfois coupé en 4 + 4) C'est le mètre des textes vifs et familiers, sa brièveté lui donne un rythme plus rapide. Il est très fréquent. |
7
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heptasyllabe
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rare |
6
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hexasyllabe
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Fréquent en alternance avec l'alexandrin. |
5
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pentasyllabe
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rare |
4
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tétrasyllabe
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rare |
3
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trisyllabe
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rare |
2
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disyllabe
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rare |
1
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monosyllabe
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rare |
L'alexandrin porte ce nom parce que l'écrivain
du Roman d'Alexandre, au XIIe siècle, a été
l'un des premiers à l'utiliser, et que son roman a été
très apprécié. Le titre de l'ouvrage, en devenant célèbre,
a donné son nom à l'alexandrin, mais celui de l'écrivain
est resté dans l'ombre.
Certains écrivains
ont essayé sans grand succès d'utiliser des mètres plus
longs qui donnent plutôt une impression de prose rythmée :
Je change ici de mètre pour dissiper en moi l'amertume.
Les choses sont comme elles sont, le détail n'est pas l'important.
L'homme apprendra c'est sûr à faire à jamais régner
le beau temps. (Aragon)
La brièveté
des vers de moins de huit syllabes donne un rythme plus cadencé par le
retour fréquent de la rime. Ils sont donc souvent utilisés pour
des effets de rupture ou de variété, par exemple chez La Fontaine :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le
berger.
L'un des textes qui utilisent cet effet de variété de la façon
la plus spectaculaire est le poème Les djinns
de V. Hugo.
Verlaine dans son Art poétique recommande l'usage de vers impairs qu'il
a lui-même peu utilisés, mais il a plus tard expliqué qu'il
ne fallait pas prendre ce poème trop au sérieux.
Enfin il est intéressant de citer la virtuosité de Jules de Rességuier
qui a composé un sonnet en vers d'une syllabe :
Fort Belle, Elle Dort. Sort Frêle ! Quelle Mort ! Rose Close, La Brise La Prise. |